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Full text of "Les deux élèves, ou, L'éducation particulière : comedie-vaudeville en un acte"

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Conr  dci  Footainri ,  N"  7  ,  à  Par 


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LES 


ou 

L'ÉDUCATION  PARTICULIERE , 

COMEDIE-VACDEVILLE  EN  UJN  ACTE. 

PAR  MM.  FERDINAND-LAIVGLÉ,  ROCHEFORT  ET* 

«EPRÉsENTÉE   pour  la   première  fois  ,    A   PARIS  ,    SUR    LE    THEATRE 
nE     MADAME,    PAR    LES    COMEDIENS    ORDINAIRES    DE    S.    A.   R.,LE 

9;  JANVIER   1827. 

«•««•seeeeeeeeeedeeeeeese 

PRIX  :   1   FR.   5  0. 


PARIS. 

AU  GRAND  MAGASIN  DE  PIECES  DE  THEATRE 

DE  A.  G.  BKUNEÏ,  LIBRAIRE-ÉDITEUR, 
Successeur  de  Madame  Huet , 

RUB  DK   VALOIS,  PALAIS-ROYAL,   N°    l"  {iCr)  ,   VIS-A-VIS  L'ATUÉniK. 


182; 


PERSONNAGES. 


ACTEURS. 


LORD  WORSET. 
ARTHUR  ,  son  neveu. 
ROBERT ,  domestique  d'Arthur. 
COGE,  vieux  précepteur. 
FAJNNY  ,  fille  de  Worsei. 
ELÏSA,  tenant  un  hôtel  g^arni. 
Un  Domestique. 


M.  DoUMEUIL. 

M.  Paul. 
M.  Legrànd. 
M.  Bernard-Léon. 
M"«  Adelwe. 
M"^  Dejazet. 


..(k^;py 


La  scène  se  passe  à  Paris,  d«tïs  un  liûtelçarni. 


Imprimerie  île  E.  DDVERGER,  me  .le  Veraeuil  ,  n»  4. 


L'EDUCATION  PARTICULIERE, 

COMÉDIE-VAUDEVILLE. 


Lethéàtre représente  une  chambre;  à  droite  et  à  gauche,  descabinets. 
Une  table  est  sur  le  devant  de  la  scène. 


SC£N£   PREMIERE. 

UOBERT,  seul ^  un  livre  à  la  main,   assis  devant  une 
table  couverte  de  livres. 


{Il lit.)  n  La  grammaire  est  l'art  de  parler  et  d'écrire 
«  correctement;  pour  parler  et  pour  écrire  correctement 

•ton  emploie  des  mots {Parlant.)  Est-ce  amusant,  je 

vous  le  demande,  d'être  forcé  d'apprendre  ces  sottises-là 
par  cœur?  et  pourtant  il  faut  que  je  uie  fourre  tout  le  vo- 
lume dans  la  tête  pour  faire  plaisir  à  mon  maître!  Des  ad- 
jectifs, substantifs,  indicatifs,  subjonctifs!...  tous  logo- 
griphes  pour  moi  et  pour  bien  d'autres!...  Ah  bah  î  au 
fait,  est-ce  que  j'ai  besoin  de  savoir  tout  ça  pour  être  do- 
mestique? je  vas  jeter  les  livres  par  la  fenêtre  !...  [Il  va  à 
la  table.)  Pourtant  il  ne  faut  pas  faire  de  folie  de  mon 
chef...  écrivons  plutôt  à  ma  mère,  eu  Bourgogne,  et  at- 
tendons sa  réponse  pour  me  décider  tout-à-fait.  {Il s'assied. 

«  Ma  chère  maman,  celle-ci  est  pour  vous  apprendre 
que  votre  fils  Robert  vient  de  changer  de  condition  sans 
que  ça  paraisse.  Lord  Arthur,  mon  maître,  qui  a  le  droit 
de  s'amuser  tant  qu'il  veut  parce  qu'il  est  riche  ,  vient  de 
doubler  mes  gages  pour  que  je  prenne,  à  sa  place  ,  les  le- 
çons d'un  vieux  professeur  que  son  oncle  lui  a  envoyé 
d'Angleterre  à  Paris  ,  pour  en  faire  un  savant  ;  ce  qui  fait, 
ma  chère  maman,  que,  pour  se  délivrer  de  son  gouver- 
neur, mon  maître  m'a  fait  changer  mon  nom  de  Robert 
contre  celui  d'Arthur,  et  que  je  passe  pour  lui  dans  l'hô- 
tel où  nous  demeurons.  Voilà  six  grands  mois  que  ça  dure , 
je  n'y  tiens  plus...  je  suis  au  dernier  article,  et  c'est  au- 
jourd'hui que  je  dois  conjuguer...  dites-moi  ce  qu'il  faut 


=  n  4 

faire  pour  me  Hier  tic  là  sans  perdre  l'argeiil  ijui  m'a  élé 
promis.  Votre  malheureux  lils  vous  embrasse  ,  ô  ma  mère  ! 
au  vocatif  I  » 

(1/  plie  la  lettre  y  et  appelle.)  Elisa!...  Eiisa!...  elle  est 
jolie  la  nièce  de  l'hôtesse...  heureusement  que  je  lui  fais  la 
cour  pendant  mes  récréations,  et  qu'elle  est  éprise  de  moi  ; 
ça  me  remet   un  peu  de  mes  travaux  classiques  ..   C'est 

drôle je  lui  ai  plu  tout  de  suite ah!  c'est  que   je 

passe  ici  pour  un  Anglais. 


SCENE  II. 

ROBERT,  ELISA. 


ELISA. 

Bonjour,  monsieur  Arthur... 

ROBERT. 

Ah!  c'est  vous,  marazelle Elisa?  tenez,  voilà  une  lettre 
pour  la  poste... 

ELISA,  la  prenant. 
Je  vous  apporte  vos  journaux  ;  si  vous  voulez  les  lire...- 

ROBERT. 

Merci,  je  m'ennuie  bien  assez  sans  ça...  j'aime  mieux 
causer  avec  vous... 

ELISA. 

Comme  ces  Anglais  sont  honnêtes  ! 

ROBERT. 

Paç  lanl  que  les  Français  ! 

ELLSA. 

Oh I  les  Français  ont  du  bon...  je  ne  dis  pas'...  les  Pari- 
siens surtout...  ils  causent  très  bien...  mais  quand  on  s'y 
laisse  prendre  ,  il  arrive  toujours  quelque  malheur...  au 
lieu  que  les  Anglais,  ils  épousent. 

Air  Je  Vaclû  a  la  Creuouillère. 

Ou  dit  que  bien  des  Coralys 
Dans  leurs  amours  toujours  heureuseb  . 
Sont  aujourd'hui  des  miladys  !... 
C'est  bien  joli  pour  des  danseuses  ! 

ROBERT. 
Kii  changeant  ainsi  de  pay^ 
(h)  se  fail  des  vcrtu>>  nouvelles; 


C'est  comme  ces  courtiers  hardis 
Qui  sont  des  fripons  à  Paris 
Et  d'honnêtes  gens  à  Bruxelles. 

ELISA. 

Un  étranger  qui  parle  mariage  doit  inspirer  plus  de 
confiance  qu'un  compatriote  qui  ne  parle  que  d'amour. 

ROBERT. 

Ce  que  vous  dites  là  ,  Elisa  ,  prouve  deux  choses. 

EL  ISA. 

La  première? 

ROBERT. 

Que  vous  avez  de  l'éducation. 

ELISA. 

Et  la  seconde  ? 

ROBERT. 

Que  vous  avez  été  bien  élevée. 

ELISA. 

Ah  !  c'est  bien  nécessaire  quand  on  a  une  tante  infirme 
et  qu'on  est  forcée  à  mon  âge  d'être  à  la  tète  d'un  hôtel 
comme  celui-ci  !...  c'est  si  trompeur  les  hommes  qui 
logent  en  garni  ! 

Air:  duvaud.  de  Partie  et  Revanche. 

Dans  tous  les  hôtels  c'est  l'usage. 
On  se  loge  au  mois ,  même  au  jour , 
Et  nos  hôtes  voudraient,  je  gage, 
Un  bail  aussi  court  en  amour. 
Mais  l'amour,  mauvais  locataire, 
Demeure  un  jour  et  fuit  incognito. 
Et  la  pauvre  propriétaire 
En  soupirant  remet  son  écriteau. 

ROBERT. 

Et  l'on  perd  tout  à  la  fois... 

ELISA. 

Aussi  dès  que  vous  avez  commencé  à  me  faire  la  cour... 
pas  si  bête  que  de  vous  aimer  toute  de  suite...  à  la  pre- 
mière vue!...  les  grandes  passions,  c'est  bon  pour  les 
romans...  moi ,  il  m'a  fallu  une  promesse  de  mariage.... 
vous  riez?...  oh  1  je  sais  bien  que  ça  n'engage  à  rien.... 
que  je  ne  peux  pas  avec  ce  papier-là  vous  forcer  à  m'épou- 
ser ,  mais  c'est  égal ,  c'est  un  titre...  et  je  suis  à  l'abri  des 
événemens. 

ROBERT. 

Comment!  un  tilro  ? 


tLlSA. 

Oui ,  parce  que  ,  voyez-vous  ,  si  vous  aviez  le  malheur 
(le  vouloir  vous  marier  avec  une  autre...  je  lui  montre- 
rais ca..,  et  certainement  dans  une  famille  honnête  on  ne 
voudrait  pas  d'un  homme  qui  endosse  des  promesses  de 
mariage  comme  on  endosse  des  lettres  de  change. 

ROBERT. 

Elisa ,  vous  pouvez  être  sûre  qu'on  vous  aime  ,  et  la 
preuve  ,  c'est  que  je  vais  vous  embrasser...  voilà  comme 
je  suis  ,  moi...  (  il  veut  l'embrasser.  ) 

ELISA. 

Non  pas ,  non  pas  ,  mi  lord... 

ROBERT. 

Oii  1  laissez  donc  !...  qu'est-ce  que  ça  vous  fait?...  (  il 
l'embrasse  malgré  elle  ;  Arthur  entre  au  même  moment , 
Elisa  se  sauve  en  jetant  un  cri.  ) 

SGEÏ^E  III. 

ROBERT,  ARTHUR. 

ROBERT. 

Bravo  ,  Robert  !  c'est  très  bien  !...  on  n'est  pas  plus  stu- 
dieux, et  mon  gouverneur  serait  enchanté  s'il  te  voyait!... 

ROBERT. 

Ah!  monsieur,  c'est  une  petite  distraction...  je  m'en- 
nuie tant  dans  l' exercice  de  mes  fonctions!... 

ARTHUR. 

Il  me  semble  que  je  te  paie  assez  cher  pour  ça? 

ROBERT. 

C'est  que  mon  rôle  devient  trop  difficile;  votre  gouver- 
neur ne  peut  pas  manquer  de  découvrir  que  vous  m'avez 
fait  prendre  votre  place  pour  vous  débarrasser  de  lui. 

ARTHUR. 

li  ne  se  doute  de  rien.  Lorsqu'il  y  a  deux  ans,  j'eus  le 
malheur  de  perdre  mon  père,  avec  lequel  j'habitais  Paris 
mou  oncle  Worset  fut  effrayé  de  savoir  son  neveu  seul 
dans  celte  capitale;  il  voulut  continuer  le  système  d'édu- 
cation adopté  pour  moi  ;  car,  tu  le  sais,  il  m'est  prescrit 
de  ne  parler  (jue  français  jusqu'à  ma  majorité,  et  mon 
oncle  m'expétiia  de  Londres  ce  vieux  pédant  pour  me 
servir  de  mentor... 


ROBERT. 

Et  c'est  moi  qui  eus  Je  mallieiir  d'en  profiter!... 

ARTHUR. 

Que  pouvais-je  faire?...  me  remettre  sous  la  férule  à 
mon  âge  ?...  pas  du  tout ,  je  l'ai  métamorphosé  en  Anglais, 
je  t'ai  loué  dans  cet  hôtel  un  appartement  magnifique  et 
maintenant  te  voilà  lord  Arthur. 

ROBERT. 

Et  si  votre  oncle  arrivait  ici  ? 

ARTHUR. 

Il  est  à  Londres,  et  il  a  la  goutte!... 

ROBERT. 

Deux  bonheurs  pour  un!... 

ARTHUR. 

Tu  vois  donc  bien  que  je  peux  profiter  de  ma  liberté 
pour  m'amuser  et  dépenser  mon  argent.  Au  diable  les 
études  sérieuses  !  moi  je  trouve  que  j'en  sais  assez. 

Air  :  Pour  qu'on  m'appelle  original.  (Julien.) 

Jusqu'ici  j'ai  traité  sans  cesse 
La  science  en  enfant  gâté  , 
Et  des  beaux  jours  de  ma  jeunesse 
.  L'étude  a  toujours  profité. 

Maintenant  c'est  une  autre  affaire  , 
Le  tour  du  plaisir  est  venu . 
Et  je  m'occupe  à  ne  rien  faire 
Pour  rattraper  le  temps  perdu. 

EOBERT. 

C'est  bien  naturel...  Mais  où  diable  voire  oncle  a-t-il 
déterré  un  gouverneur  de  cette  espèce-là?  enfin  il  ne  lui 
manque  pas  un  seul  ridicule!...  ne  s'est-il  pas  habillé  à 
l'anglaise!...  par  flatterie  pour  son  élève?... 

ARTHUR. 

M.  Cogé!  il  vient  des  bords  de  la  Tamise,  où  il  était 
professeur  de  littérature  française... 

ROBERT. 

Et  il  a  repassé  la  Manche  pour  me  tourmenter. 

ARTHUR. 

De  quoi  te  plains-tu?...  dans  cet  hôtel  on  te  croit  le 
neveu  de  lord  Worset ,  on  te  traite  avec  tous  les  égards 
dus  à  ton  rang.  .  et  moi ,  sous  le  nom  de  Williams,  je  ne 
passe  que  pour  ton  ami...  tu  as  le  plus  beau  rôle  !... 

ROBERT. 

J'aimerais  mieux  le  vôtre  ! 


8 

ARTHUR. 

Comment!  lorsque  lant  de  gens  paient  pour  être  ins- 
truits, toi  o)i  te  paie  pour  l'instruire!... 

ROBERT. 

C'est  (le  l'argent  bien  gagné! 

ARTHUR. 

Etudie,  voilà  tout  ce  qu'on  te  demande  ;  mais  n'apprends 
rien  si  tu  veux... 

ROBERT. 

Tiens!  je  n'apprends  rien  non  plus  ;  pas  si  bêle! 

ARTHUR. 

Quant  à  moi,  je  me  divertis;  je  cours  les  sociétés,  je 
joue  ,  je  fais  des  conquêtes  ,  je  dépense ,  j'emprunte ,  enfin 
je  <leviens  un  jeune  homme  de  bon  ton  ;  et  c'est  nouveau 
pour  un  Anglais! 

ROBERT. 

Et  votre  cousine  Fanny?  elle  est  joliment  oubliée  dans 
tout  ça! 

ARTHTJB. 

Ma  cousine  Fanny?  ah!  je  l'aime  loujours  ;  mais  elle 
est  si  jeune  !  on  nous  a  promis  l'un  à  l'autre  dès  Tâge  de 
dix  ans  ;  je  sais  bien  que  ce  n'est  qu'une  passion  d'enfant, 
mais  c'est  égal  ,  c'est  la  première  et  le  souvenir  reste!... 
Cela  ne  m'empêche  pas  de  prendre  du  bon  temps  en  atten- 
dant que  ma  cousine  grandisse. 

ROBERT. 

Allons  ,  je  vois  que  vous  menez  joyeuse  vie  ,  tandis  que 
moi  j'ai  toujours  un  vieux  surveillant  qui  me  suit  partout 
comtoe  un  recors  ,  et  qui  me  dorlotte  comme  un  enfant... 
et  pourquoi  ça  ,  je  vous  le  demande  ?  '^  ■ 

ARTHUR. 

Parce  que  ta  santé  lui  est  précieuse!...  Mon  oncle  Jui 
fait  une  rente  viagère  sur  ma  tête... 

ROBERT. 

Ah  !  je  ne  savais  pas  !...  Est-ce  voire  oncle  aussi  qui  a 
imaginé  ce  que  l'autre  appelle  mes  récréations? 

ARTHUR. 

Tu  as  des  récréations? 

ROBERT. 

/.t  de  bien  amusanlcs  ,  je  vous  jure!...  Le  soir  il  me 
mène  tantôt  à  l'Alhénéc  et  tantôt  à  des  cours  de  physique  , 
et  ])uis  il  me  cause  des  fausses  joies...  Une  fois  il  me  parle 
d'aller  dans  une  sociélé   moi  je  croyais  danser,  j'étais  <léjà 


content...  Eh!  bien  ,  savez-vous  dans  quelle  société  je  me 
suis  trouvé  ? 

ARTHUR. 

Non... 

ROBERT. 

Dans  Ja  société  philoteehnique... 
ARTHUR ,  riant. 
Ahl  ah  ï  ah!  malheureux!... 

ROBtRT. 

C'est  à  n'y  pas  tenir... 

SCENE  IV. 

l::s  précédens  ,  ELISA. 

ELisA  ,  tenant  un  plateau  de  thé. 
Milord  !  c'est  votre  déjeuner  I 

ROBERT. 

-Ahl  Dieu  soit  loué  !  car  je  meurs  de  faim  !  [regardant.) 
Qu'est-ce  que  c'est  que  ça  ? 

ELISA. 

Eh!  bien  ,  c'est  du  thé... 

ROBERT. 

Comment  du  thé?,.,  et  qu'est-ce  qui  vous  a  donné  ca  ? 

ELISA. 

Votre  gouverneur. 

HOBEHT 

Et  qu'est-ce  qu'il  mange  donc  ,  lui  ? 

ELISA. 

Des  côtelettes ,  un  perdreau  aux  truffes  avec  du  vin  de 
Bordeaux. 

ROBERT. 

Un  perdreau  aux  truffes  I  et  il  m'envoie  du  thé  ?...  c'est 
une  infamie  ,  une  abomination!...  {apart,  à  Arthur.) 
vous  voyez  bien,  monsieur,  que  je  ne  peux  plus  vivre  avec 
cet  homme-là... 

ELISA. 

Milord  ,  je  trojiveque  votre  maître  a  raison  ;  c'est  pour 
votre  santé  ;  il  ditque  vous  avez  eu  une  nuit  agitée... 

2 


lO 

ROBERT. 

Moi!...  des  nuils  agitées?...  jamais  :  je  ne  suis  heureux 
qu'en  dormant ,  et  je  ne  serais  pas  assez  bête  pour  perdre 
ce  temps-là...  Elisa,  quoi  qu'il  en  soit ,  vous  me  servirez 
un  bon  repas  dans  ma  chambre.  Qu'est-ce  que  c'est  donc 
que  ça?  ..  du  thé!...  comme  si  un  Bourguignon... 
ARTHUR ,  bas. 

Silence  !... 

ROBERT ,  de  même. 
Ah!  liens,  c'est  vrai  1...  ma  foi  ,   monsieur,  cherchez 
une  autre  victime. ..  j'en  ai  assez... 

ARTHUR  ,  lui  donnant  une  bourse. 
Veux-tu  te  taire!... 
ROBERT  ,  la  soupesant  et  regardant  Arthur  avec  surprise. 
Quand  je  dis  que  j'en  ai  assez  ,  monsieur  ,  il  ne  faut  pas 
prendr-e  ça  au  sérieux.». 

ARTHUR. 

C'est  bon... 

ELiSA  ,  a  part. 
Mais  qu'est-ce  qu'ils  ont  donc  toujours  à  chuchoter  en- 
semble?... 

ARTHUR ,  à  Robert. 
Ah  !  ça  ,  sais-tu  qu'elle  est  charmante  la  nièce  de  l'hô- 
tesse ? 

ROBERT. 

J'espère,  mon  ami  Williams,  que  cela  vous  est  bien  in- 
différent? 

ARTHUR.  , 

Mais  non...  une  jolie  figure  fait  toujours  son  effet... 

EL  ISA. 

C'est  juste. 

ROBERT. 

Eh  bien  !  il  ne  manquerait  plus  que  ça  !... 

ARTHUB. 

Air  du  Cornaval  (de  Bérenger.) 

Mon  cher  am:  ,  dans  l'ardeur  de  m'instruirc 
Des  raœurs,  du  ton  qui  régnent  à  Paris, 
Sans  examen  je  brûle  et  jo  soupire 
Pour  tous  les  yeux  qui  me  semblent  jolis. 

ROBERT. 

Ici  pourtant,  ah!  remarquez  de yrace  '  " 

Que  j'ai  le  droit  de  m'en  plaindre  tout  bas. 


1 1 

(  A  part.  ) 

Dans  vos  ennuis  lorsque  je  vous  remplace  , 
Dans  mes  plaisirs  ne  me  remplacez  pas.  [bis.') 

ARTHUR  ,  prenant  la  main  cl'EUsa. 
Milord    Arthur  est  bien  lieureux  ,    ma  belle  enfant , 
d'être  servi  par  une  main  comme  celle-là.  [Il veut  l'em- 
brasser. ) 

KLiSA ,  la  retirant. 
Laissez  donc,  monsieur  ,  laissez  donc  ! ...(  à  part.  )  a-l- 
il  l'air  mauvais  sujet  1...  on  voit  bien  qu'il  n'est  pas  an- 
glais celui-là!... 


Elisa ,  rentrez. 


ROBERT. 


ELISA. 

Ooi ,  milord...  tenez  justement  voilà  votre  professeur. . . 
(  Elle  sort  par  un  cabinet.  ) 

ROBtRT. 

Ah!  mon  Dieuf...  il  faut  reprendre  la  grammaiio!... 
voilà  le  plaisir  qui  commence!...  (  Il  va  s'asseoir  h  la 
table.  ) 

SCENE  V. 

LES  PRÉCEUENS  ,   COGE. 

COGÉ ,  tenant  une  grammaire. 

Air  :  Bocages  que  l'aurore. 

Savant  élémenlaire 
Qu'on  chérit  en  naissant , 
L'Homond  .  que  ta  grammaire 
Amuse  en  instruisant! 
Par  toi  la  l'aible  enfance 
Commence  à  raisonner, 
Et  la  douce  innocence 
Apprend  à  décliner...!  [bis.) 

(  Aux  jeunes  gens.  )  Ah!  vous  voilà  ensemble...  bon- 
joar  milord  ,  serviteur  M.  Williams. 

ARTHUR. 

Bonjour  au  docte  M.Cogé,  le  modèle  dos  gouverneurs!.. 

ROBERT ,  a  part. 
Joli  modèle!... 


Il 

<;uGÉ. 
Le  modèle  I...  oui,  monsieur,  puisque  je  suis  le  seul  cjui 
ait  conservé  pores  les  doctrines  de  l'Université...  on  pour- 
rait m'appeler  une  tradition  vivante... 

ARTHUR. 

Il  est  vrai  que  vous  avez  été  long-temps  dans  l'instruc- 
tion publique... 

COGÉ. 

Trente  ans,  M.  Williams...  trente  ans,  et  toute  ma 
famille  avant  moi  ;  mon  père  et  mon  aifeul  ont  été  correc- 
teurs à  Monlaigu  ,  ainsi  que  mon  grand  oncle  ,  le  célèbre 
professeur  Cogé...  qui  a  formé  les  plus  grands  hommes 
du  siècle  de  Louis  XV...  ce  bon  M.  Nonotte  et  cet  excel- 
lent M.  Patouillet. 

ARTHUR. 

Ah  I  ça  ,  mais  pourquoi  avez-vous  donc  quitté  l'instruc- 
tion publique? 

COOE. 

A  l'époque  des  ci-devant  lycées...  nevoulau-on  pas  me 

forcer  d'enseigner  à  mes  élèves  l'exercice  à   feu?  portez 

arme  !  présentez  arme  !...  comme  ça  m'allait...  ciel  ,  quel 

temps  ! 

!  /'  'j'i  y  }     '. 
Air  :  Vos  inni-is  en  Palestine. 

Adieu  noire  di:,cipline, 
Mes  élèves  en  soldats, 
Armés  d'une  carabine 
Marchaient  assez  bien  au  pas  , 
Mais  ils  n'étudiaient  pas. 
A  leur  tête  eu  conscience 
Pouvais-je  rester  encor? 
On  aurait  vu  prohpudor  l 
Un  professeur  d'élor|uencc 
Devenir  tambour-major. 
.f 
ARTHUR. 

Alors  vous  vous  êtes  retranché  sur  les  éducations  par- 
ticulières ? 

COGÉ. 

Et  j'ose  dire  que  mes  succès  ont  été  brillans.  Tous  mes 
écoliers  m'ont  fait  de  l'honneur  ,  des  agens  de   change  , 
des  ^o^ires  ,  des  ambassadeurs.... 
Kt^REur  ,  a  part. 

Et  des  domestiques! 


i5 

AKTHUK. 

El  votre  nouvel  élève  en  êl«s-vioqs  content? 

COGÉ. 

Comme  ça  ,  comme  ça...  nous  n'avançons  pas..,  et  je 
me  repens  d'avoir,  d'après  votre  avis  ,  envoyé  à  lord  Wor- 
set  les  rapports  les  plus  flaiteurs  sur  les  progrès  de  son 
neveu... 

ARTHUn. 

Vous  y  mettiez  aussi  un  peu  d'amour-propre. 

COGÉ. 

J'en  conviens...  je  tiens  à  ma  réputation...  C'est  que 
l'éducation  est  une  chose  si  délicate,  M.  Williams  !  Son  on- 
cle aussi  me  met  dans  un  furieux  embarras  ,  il  m'annonce 
un  jeune  homme  qui  a  fait  ses  humanités  ,  et  au  lieu  de 
cela  je  trouve,  comme  on  dit  en  anglais  ,  eriel  foui  ^  ce 
qu'on  pourrait  traduire  par  un  véritable  imbécille. 

ARTHUR. 

Lord  Worsel  a  payé  pour  faire  instruire  son  neveu  ,  et 
son  neveu... 

COGÉ. 

N'a  rien  appris,  c'est  juste;  il  est  venu  là  comme  on 
dit  pour  essuyer  les  bancs...  Ce  que  nous  appelions  un 
cancre... 

ROBERT. 

Merci  î 

COGÉ. 

Ciel!  si  son  oncle  venait  jamais  uous  surprendre...  à 
l'improviste...  que  dirail-ilalors!...  Dieu!  je  levoisd'ici, 

m'apostrophant  d'un  air  sévère...  lâche  complaisant 

mentor  prévaricateur!... 

ARTHUR. 

Rassurez-vous  ,  je  suis  là  pour  rendre  témoignage  de 
votre  zèle. 

COGÉ. 

Ah!  inilord  vous  devra  aussi  des  remercîinens...  je  lui 
ai  parlé  de  vous  dans  mes  lettres;  il  sait  qu'un  jeune 
bomnie  anglais  aussi  laborieux  qu'instruit  stimule  son 
neveu  par  son  exemple  ,   ses  conseils... 

ARTHUR. 

Vous  êtes  trop  bon...  je  vous  laisse  morigéner  celte  tête 
indocile.  Des  amis  m'attendent  à  déjeiiner  chez  Tortoni , 
et  vous  connaissez  ma  ponctualité...  c'est  le  fruit  des 
sciences  exactes.  (  a  Robert ,  en  lui  frappant  sur  la  tête.) 
Allons  ,  instruisez-vous  donc  ,  monsieur  l'ignorant  !,.. 

(  Il  sort.  ) 


i4 
SCENE  YI. 

ROBERT ,  COGÉ. 

COGÉ. 

Entendez-vous  le  nom  (ju'il  vous  donne  ? 

ROBERT. 

Oui. 

COGÉ. 

Il  VOUS  a  Eommé  fête  indocile. 

ROBERT. 

Je  sais  bien. 

COGÉ. 

Et  VOUS  souffrez... 

ROBERT. 

Je  ne  peux  pas  faire  autrement. 

roGK. 
En  plus  outre  ,  il  vous  a  appelé  ignorant  .. 

ROBERT. 

Qu'est-ce  que  ça  me  fait,  ça  vous  regarde  plus  que 
moi  ;  vous  êtes  chargé  de  me  rendre  savant. 

COGE. 

Vous  avez  sans  doute  beaucoup  plus  d'esprit  que  loi... 

ROBERT. 

C'est  ce  que  je  dis  ,  moi  ! 

COGÉ. 

Le  vôtre  est  d'une  meilleure  école,  et  même  vos  manières 
sont  plus  distinguées. . . 

ROBERT. 

Vous  trouvez  ? 

COGÉ. 

On  voit  que  vous  appartenez  à  une  tics  meilleures  fa- 
milles de  la  Grande-Bretagne,  de  l'aisance,  de  la  no- 
blesse... 

ROBERT. 

C'est  que  j'ai  eu  des  maîtres  de  la  plus  liante  volée 

COGÉ. 

Cela  se  devine  ;  mais  le  temps  se  passe...  si  nous  nous 
niellions  à  conjuguer  un  petit  peu?  voyons,  un  verbe 
de  votre  choix.  (  il  s'assied  à  la  tahlc.  ) 


Je  m'ennuie!... 


i5 

ROBERT,  baillant. 


COGE. 

Je  m'ennuie  ,  soit...  c'est  un  verbe  réfléchi. 

ROBERT. ^ 

Ca  m'est  bien  égal... 

COGÉ. 

On  dit  en  anglais... 

ROBERT. 

Ah  !  vous  savez  que  je  ne  dois  entendre  ni  prononcer 
aucun  mot  d'anglais...  tant  que  je  serai  en  France  je  ne 
parlerai  que  le  français...  (  à  pari.  )  pour  bien  des  rai- 
sons 1 . . . 

COGE. 

Il  est  vrai...  c'est  l'ordre  de  votre  oncle.  Dans  le  fait 
c'est  le  moyen  de  se  familiariser  plus  vite  avec  une  lan- 
gue quelconque...  Voyons  donc  :  indicatif  présent  :  je 
m'ennuie... 

ROBERT. 

Oui,  je  m'ennuie!... 

COGÉ. 

Tu  t'ennuies  ,  il  s'ennuie,  nous  nous  ennuyons... 

ROBERT. 

Vous  m'ennuyez... 

COGÉ. 

Non  ,  non  ,  vous  vous  ennuyez  ,  c'est  vous  qui  vous 
ennuyez... 

ROBERT. 

Ah!  oui,  par  exemple!  quel  métier...  (  a  part.)  j'aime- 
rais mieux  frotter  des  appartemens  !;(  //  se  lève.  )  Je  ne 
veux  plus  étudier  ,  moi!... 

coGE ,  le  poursuivant. 
Milord  ,  il  faut  absolument... 

ROBERT ,  en  colère. 
Non,  monsieur  ,  c'est  trop  fort  aussi  !...  vous  voulez 
ra'abrutir  par  l'instruction  !... 

COGÉ. 

Mais  au  contraire... 

ROBERT. 

Pourquoi  vous  acharner  après  un  malheureux  jeune 
homme  ?... 

COGÉ, 

Peur  vous  rendre  savant  comme  moi!... 


i6 

ROBERT. 

Quand  vous  m'aurez  rendu  imbécille  tout-à-fait...  vous 
en  serez  bien  plus  avancé  1 

COGÉ. 

Ali!  mou  élève,  il  y  a  rébellion! 

ROBERT. 

C'est  vous  qui  êtes  dans  votre  tort. 

COGÉ. 

Vous  croyez  ?  alors  je  cède. 

ROBERT. 

A  la  bonne  heure...  je  vous  pardonnai... 

COGÉ. 

Bien  obligé,  (à  pari.  )  Voilà  pourtant  comme  noUs  étu- 
dions lous  les  jours! 

SCENE  VII. 

LES  MÊMES ,  UN  DOMESTIQUE. 

LE  DOMESTIQUE  ,  uue  lettre  à  la  main. 
M.  Arthur...  c'est  une  letlre  pour  vous... 

ROBERT. 

C'est  bon.  [Il  jette  la  lettre  sur  la  table.  ) 

COGE. 

Eh  bien  ,  vous  ne  la  lisez  pas? 

ROBERT. 

J'ai  le  temps  ;  ce  n'est  pas  pressé... 

COGÉ. 

Que  vois -je  ?  le  timbre  de  Calais!...  cette  lettre  vient 
probablement  d'Angleterre...  si  elle  était  de  votre  oncle  ?.. 
lisez...  c'est  peut-être  une  affaire  majeure... 
ROBERT  ,  à  part. 

Ma  foi,  j'y  suis  forcé;  mon  maître  ne  pourra  me  blâmer... 
Diable,  c'est  en  anglais...  je  rtte  suis  pas  indiscret. 

COGÉ. 

Comment  se  porte   milord  Worsel  ?  Quelles  nouvelles 
de  Londres  ? 

ROBERT. 

Pas  grand  chose..,  voyez... 

COGÉ  ,  lisant. 
Ah!    ("'est    do    Milord    lui-même!...   ciel!    il   arrive   à 
Faris  '... 


17 

BOBEKT  ,   avtc  joie. 
Vraiment?... 

cogb:. 
Vous  n'avez  donc  pas  tout  lu?...  Voyez  la  date...  t^a- 
turday...  c'est  aujourd'hui. 

ROBERT. 

Bah!  c'est  aujourd'hui  saturday? 

COGÉ. 

Dieux!  quelle  nouvelle!...  Quel  coup  de  foudre  !...  que 
faire  ?...  que  devenir  ?... 

ROBERT. 

Ah  !  que  je  suis  content  î...  (à  part,)  mon  rôle  est  fini , 
et  je  vais  toucher  ma  récompense  I... 
coGÉ,  agité. 

Ma  situation  se  complique!...  votre  ignorance...  mes 
faux  rapports...  tout  est  perdu...  tout  est  consommé... 
Cogé  !  malheureux  Cogé!... 

Air  :  Ce  que  j'éprouve  en  -vous  voyant. 

Quelle  philippique  m'attend, 
La  perte  de  ma  place  est  sine. 

ROBERT,  à  part. 
Adieu  grammaire ,  adieu  lecture  , 
Je  vais  donc  reprendre  gaîment 
Mon  privilège  d'ignorant. 

COGÉ. 
Ah!  si  du  moins  dans  ma  disgrâce, 
Je  conservais  mon  traitement. 

ROBERT. 
Moi  je  suis  plus  heureux,  vraiment! 
Les  honoraires  de  ma  place 
Je  les  reçois  en  la  perdant. 

COGÉ. 

Quelle  perplexité!...  j'en  perds  la  tête...  je  vais  réflé- 
chir aux  moyens  de  nous  tirer  d'embarras...  mais  je  ne 
me  troDipe  pas...  On  parle  sur  l'escalier?...  c'est  peut-être 
déjà  lui!...  suivez-moi,  mon  élève,  car  ainsi  que  le  dit 
Piaule....  yace/zZ  rationes;  les  raisons  sont  difficiles  à  trou- 
ver ,  ou  ,  si  vous  l'aimez  mieux  ,  je  ne  sais  plus  que  dire. 
(  //  entre  dans  le  cabinet  avec  Robert.  ) 


# 


i8 
SCENE  VIII. 

LORD  WORSET ,  FANNY,  ELISA. 

ELiSÀ ,  les  introduisant. 
Par  ici  ,  milord...  par  ici. 

WORSET. 

Viens,  ma  chère  Fanny;  ton  cœur  n'aura  bientôt  plus 
rien  à  désirer... 

ELISA. 

Excusez,   milord,   si  c'est  moi  qui  vous  reçois  ;  mais 
ma  tante,  la  maîtresse  de  l'hôtel ,  n'est  pas  là  pour  le  mo- 
ment... du  reste  le  service  n'en  souffre  pas...  vos  domes- 
tiques seront  bien  traités,  et  vous-même  ,  milord  ,    vous 
^^  n'aurez  rien  à  désirer...  Nous  tenons  table  d'hôte,  mais  si 

9  milady  voulait  se  faire  servir  chez  elle  ,  tout  ici  sera  à  seg 

ordres....  Voilà  votre  appartement,  milord.  {Elle  montre 
la  chambre  à  gauche.  ) 

WORSET. 

Je  vous  remercie  ,  mademoiselle  ,  laissez-nous  ,  je  vous 
prie... 

ELISA ,  à  part. 

Ils  ont  l'air  d'être  très  riches  et  très  honnêtes  ;  seulement 
je  trouve  que  le  mari  est  trop  vieux  et  que  la  femme  est 
trop  jeune.  {Elle  sort.  ) 

SCENE  IX. 

LORD  WORSET ,  FANNY. 

FANNY. 

Me  voilà  donc  à  Paris!  sous  le  même  toit  que  mon 
cousin  1...     , 

WORSET. 

Silence  !...  tu  sais  bien  que  nous  devons  le  surprendre!., 
lorsque  je  lui  amène  d'Angleterre  une  jolie  prétendue.  ... 
il  est  bien  convenu  que  je  veux  savoir  avant  de  la  lui  don- 
ner ,  s'il  on  est  dign(>;  le  mystère  est  donc  nécessaire  à 
l'exécution  de  nos  projets. 


ï9 

KANNY. 

Ail!  mon  père,  qu'allez-vous  faire?  il  est  peul-étre 
dangereux  dechercher  à  pénétrer  la  conduite  d'un  étourdi!,, 
et  si  par  malheur  vous  alliez  découvrir  des  choses... 

WORSET. 

Je  ne  pardonnerais  rien  ,  je  ne  veux  pas  être  trompé... 

FANNY. 

Ni  moi  non  plus  ,  mon  père  ;  mais  il  faut  vous  rappe- 
ler qu'Arthur  ne  m'a  connue  qa^enfant ,  nous  avons  été 
élevés  ensemble. ..  ah!  je  m'en  souviens  toujours  ,  moi!... 
mais  lui  ,  lancé  dai^  le  grand  monde...  si  jeune... 

'1         V 

'■''        WORSET. 

Comment,  dans  le  grand  monde?  j'espère  bien  qu'il  n'y 
va  pas  sans  son  professeur... 

FANNY. 

Oh  !  sans  doute  !...  pourtant  à  Paris...  J'espère  comme 

vous  cependant ,  qu'il  pense  encore  à  sa  cousine c'est 

peut-être  aussi  parce  que  je  le  désire  ! 

Ain  :  Mes  yeux  disaient  tout  le  cuDtiaire. 

Ah  !  s'il  avait  trabi  sa  foi , 
Excusant  son  humeur  légère  , 
J'aurais  la  force,  croyez-moi. 
De  pardonner  et  de  me  taire  ; 
Mon  cousin  est  toujours  chéri  ! 
Dans  un  hymeu  comme  le  nôtre  , 
J'aime  mieux  me  plaindre  de  lui 
Que  d'être  heureuse  avec  un  autre. 

WORSET. 

Voilà  une  indulgence  qui  ne  me  convient  pas  du  tout  ; 
j'ai  acquis  une  fortune  considérable ,  je  veux  qu'elle  soit 
bien  placée  ;  je  sais  mieux  qu'un  autre  toutes  les  peines 
qu'elle  m'a  coûté  !  je  me  souviens  de  mes  voyages;  aussi 
je  te  jure  que  votre  mariage  iie  se  fera  qu'après  d'amples 
informations.  Mais  lu  dois  avoir  besoin  de  repos  ,  en- 
trons ensemble  dans  cet  appartement  et  voyons  d'abord 
M.  Cogé  ,  avant  qu'Arthur  soit  instruit  de  ton  arrivée  à 
Paris.  * 

ENSEMBLE. 

Air  de  Rossini. 

De  faventurc 
Oui,  je  le  jiue. 


20 

Ton    )  .        j      . 

-,        \    cousin  ne  peut  se  douter  ; 
Mon  f  ^  ' 

Et  par  prudence, 

L'hymen  d'avance 
Saura  du  moins  sur  quoi  compter-, 
Avec  Ini  nous  allons  compter. 

(  lis  entrent  dans  le  cabinet.  ) 

SCENE  X. 

ARTHUR  ,  entrant  par  le  fond. 

Quel  déjeuner!  les  convives  s'aigiissent, 
C'est  un  duel  qui  va  le  terminer  , 
Quand  si  souvent  tant  d'affaires  finissent 
Joyeusement  par  un  bon  déjeuner. 
Quelle  aventure  ! 
Ah!  je  le  jure  , 
Qui  pouvait  jamais  s'en  douter? 
Mais  on  m'offense  , 
Et  ma  vengeance 
Saura  du  moins  sur  qui  compter  ; 
Et  je  dois  ici  l'emporter. 

SCENE  XI. 

'      ARTHUR  ,  ROBERT  ,  sortant  du  cabinet. 


ROBERT. 
C'est  vous,  Monsieur,  savez-vous  la  nouvelle? 
Un  incident  qui  va  tout  découvrir, 
Votre  oncle  arrive  et  ma  crainte  est  mortelle, 

ARTHUR. 

Mon  oncle!  ô  ciel,  qu'aLlons-nous  devenir! 
ENSEMBLE. 

ARTHUR.  ROBERT. 

Quelle  aventure,  etc.  Quelle  aventure! 

Ah!  je  le  jure  , 
Qui  pouvait  jamais  s'en  douter? 
Pour  moi,  d'avance 
Bientôt,  je  pense , 
Je  rais  savoir  sur  quoi  compter, 
Et  tous  deux  nous  allons  compter 


21 

ARTHUR. 

Comment,  mon  oode  est  en  roule  pour  Paris?... 

ROBF.RT. 

Mieux  que  cela  ,  il  est  arrivé. 

ARTHUR. 

Et  moi  qui  me  bats  dans  une  heure  !... 

ROBERT. 

Deux  malheurs  à  la  fois,  un  duelet  un  oncle. 

ARTHUR. 

Qu'allons-hous  faire? 

ROBERT. 

Il  faut  tout  avouer  à  M.  Cogé... 

ARTHUR. 

Pas  du  tout!...  pour  quelijues  jours  peut-être  que  mon 
oncle  passera  ici ,  je  renoncerais  à  ma  liberté,  à  mes  plai- 
sirs! il  m'emmènerait  à  Londres  avec  lui  !...  oh  1  j'ai  un 
autre  projet  !... 

SCENE  XII. 

LES    PRÉCÉDENS  ,  COGE. 

COGÉ  ,  en  désordre. 
Mes  amis  ,  je  suis  tout  tremblant  î...  il  est  là  !  Elisa  l'a 
vu!-.,    que   devenir!  ah!    M.    Williams,    nous    sommes 
perdus  !... 

ARTHUR. 

Non  pas  encore...  si  vous  voulez  consentir... 

COGÉ. 

Vous  auriez  trouvé  nn  moyen  quelconque?...  expli- 
quez-vous. 

ARTHUR. 

Lord  Worset  n'a  pas  vu  son  neveu  depuis  dix  ans, 
l'oncle  a  fait  un  vovasfe  dans  l'Inde-.. 

J     o 

COGÉ. 

Je  le  sais... 

ARTHUR  ,  montrant  Robert. 

D'ailleurs  ,  Arthur  a  passé  sa  vie  dans  les  universités  , 

et  nous  pouvons...  mais   j'entends  la  voix  de  milord 

laissez-moi  faire  ,  et  quelque  bizarre  ,  quelque  inexplicable 
que  vous  paraisse  ma  conduite  ,  agissez  et  dites  toujours 
comme  moi. 


22 

SCENE  XIII. 

LES  PRÉCÉDEMS,   LORD  AVORSET. 


WORSET. 

Où  est-il?  où  est-il?  ce  cher  neveu... 

ARTHUR ,  se  jetant  dans  ses  bras. 
Mon  oncle  l  mon  clier  oncle  ! 

ROBERT  ,  bas  à  Cogé. 
Tiens!  ce  n'est  pas  si  bête... 

COGÉ,  idem. 
Oui ,  mais  c'est  bien  risqué. 

WORSET. 

Pardon  ,  Messieurs,  si  je  ne  vous  ai  pas  salué  d'abord, 
mais  les  premiers  épanchemens... 

COGÉ. 

C'est  trop  naturel ,  milord  !  [à  part.)  Le  pauvre  homme 
s'il  savait!...  Qu'on  vienne  donc  après  ça  nous  parler  de 
la  voix  du  sang  ! 

WORSET. 

Mais  ,  mon  cher  Cogé ,  quel  est  ce  Monsieur? 

COGE  ,  embarrasse. 
Milord!... 

ARTHUR. 

Mon  oncle...  c'est  M.  Williams  ,  cet  ami... 

WORSET. 

Dont  ion  gouverneur  me  parlait  tant  dans  ses  lettres?... 
Monsieur ,  enchanté  de  faire  connaissance  avec  un  jeune 
homme  si  instruit... 

COGÉ  ,  bas  à  Robert. 

Surtout  ne  vous  avisez  pas  de  parler,  {haut.)  Milord  , 
permettez?  [présentant  Robert.)  saluez  donc... 

ROBERT. 

J'ai  bien  l'honneur  d'être... 

WORSET. 

Pas  de  cérémonie.  Eh  bien  !  mon  neveu  ,  où  en  sommes- 
nous  ,  lie  nos  éludes?  [il regarde  les  livres.)  que  vois-je 
un  rudiment,  un  traité  d'arithmétique!... 

GOGÉ,  a  part. 
Nous  voilà  pris  ! 


33 

ARTHUR  ,  embarrassé. 
C'est  qu'hier,  en  regardant  ma  bibliothèque,  j'ai  re- 
trouvé ces  reliures  en  parchemin,  et  ce  n'est  pas  sans  plaisir 
que  j'ai  revu  ces  amis  de  collège... 

COGÉ  ,  vivement. 
Je  suis  comme  lui ,   milord;  plus  je  vieillis  plus  j'aime 
les  livres  de  mon  enfance  ;  ce  sont  nos  véritables  maîtres 
muets  :  muti  magistri! 

ARTHUR. 

Comment,  mon  oncle,  vous  vous  imaginez...  parlez- 
moi  de  chimie  ,  de  physique  ,  d'astronomie... 

WORSET. 

L'astronomie  !  c'est  ma  passion. 

COGÉ. 

Grande  et  belle  science  I 

WORSET ,  à  Robert. 
Vous  l'aimez  sans  doute  aussi? 

ROBERT. 

L'astrologie?...  comment  donc?...  c'est  très  drôle  !... 

VS^ORSET. 

Et  maintenant  vous  avez  en  France  des  aslronomes... 

ROBERT. 

Mathieu  Lansberg  ! 

veoRSET  ,  riant. 
Ah  !  ah!  ah!  c'est  une  plaisanterie. 

COGÉ. 

Et  même  d'assez  mauvais  goût. 

WORSET. 

Puisque  me  voilà  à  Paris  ,  entre  plusieurs  curiosités  de 
ce  genre ,  je  veux  voir  le  zodiaque  de  Denderah  ,  dont 
nous  n'avons  eu  à  Londres  que  le  dessin,  (à  Robert.)  Qu'en 
dites-vous,  du  zodiaque  de  Denderah? 
ROBERT ,  à  part. 

Ah  !  diable,  c'est  de  l'anglais  ça  ,  il  faut  se  tenir,  [haut.) 
Ce  que  j'en  dis.^...  ca  vous  étonnerait  peut  êtrebeaucoup... 
demandez  à  M.  Cogé... 

COGÉ. 

Mon  opinion  ,  milord... 

WORSET. 

Oh!  je  devine  la  vôtre. 

ARTHUR. 

Moi ,  mon  oncle  ?... 


24 

WORSET. 

Toi ,  tu  as  celle  Je  ton  gouverneur  ;  c  est  tout  simple..  . 
mais  c'est  l'avis  de  M.  Williams.... 

coGÉ ,  à  Arthur. 
Oh  !  quelle  épreuve! 

woBSKT ,  à  Robert. 
Pensez-vous  comme  moi  ?... 

ROBERT. 

Oui  !  oui ,  je  pense  comme  vous..- 

WORSET. 

Je    soutiens   que    le  dessinateur  a    commis  une   faute 
grossière...  On  a  très  mal  placé  le  signe  de  la  balance... 

ROBERT. 

C'est  ce  que  j'ai   toujours  dit  !..,   il   faut   changer  ce 
signe-là  !... 

COGÉ. 

Dans  l'antiquité  cependant.. . 

ARTHUR. 

Mon  système  est  que  sous  Sésostris... 

ROBERT. 

Après  ça  ,  moi  je  n'y  liens  pas!...  car  dans  le  fait... 

WORSET. 

Vous  avez  tort... 

ROBERT. 

Tout  ça  dépend  de  l'idée  qu'on  y  attache... 

COGÉ. 

Et  il  y  aura  toujours  des  gens... 

ROBERT. 

Qui  n'y  comprendront  rien  du  tout. 

WORSET. 

Parce  que?... 

ARTHUR  ,  à  part. 
Singulière  discussion. 

ROBERT. 

Ah!  parce  que  !... 

COGÉ. 

C'est  un  faux  s)'slème... 

ARTHUR. 

Mon  oncir,  je  vous  prouverai  qua))d  je  voudrai... 


25 

SCENE  XIV. 

LES  ijrÈwts  ,  LE  DOMESTIQUE. 

LE  DOMESTIQUE  ,  à  Robert. 

Il  y  aà  la  porte  dans  une  voiture  deux  messieurs  avec 
des  epees...  ils  vous  demandent  tout  de  suite... 

ROBERT ,  eVo/z/ze. 
Moi! 

.  LE    DOMESTIQUE. 

Oui ,  vous-même  ,  monsieur. 

WORSET. 

Des  gens  avec  des  épées  ?...  que  signifie  ?... 

ARTHUR  ,  bas  à  Robert. 
Cl  est  sans  doute  pour  mon  duel... 
ROBERT  ,  idem. 

remplaça™.'?'"  *■"'""'  ^''  '""^^1"^  '»  ™"^  ^"-  <>'= 

WORSET. 

Mais  qu'avez-vous  donc?... 

.  COGÉ. 

Oui  ,  pourquoi  ce  trouble?... 

ARTHUR  ,  à  Robert. 

J  en  suis  dësolé  ,  mon  cher  ,  mais  je  me  vois  forré  de 
tout  avouer  ;  mon  oncle  ne  pourra  t'en  vouloir,  [à  Wor- 
.ye^  )  11  faut  que  vous  sachiez  que  Williams  est  un  peu 
étourdi...  son  esprit,  sa  tournure  font  sensation  dans  le 
monde... 

coGÉ ,  a  part. 
Il  ne  sort  jamais  I 

WORSET. 

Eh  bien  ?... 


•  ARTHUR 

Eh  bien  !...  on  lui  a  cherché  querelle...  un  mari  jaloux 
vous  devinez...  bref  il  se  bat  aujourd'hui  et  je  suis  son 
temom...  ' 


COGE. 


Qu'entends-je?  milord,  nous  ne  devons  pas  permettre 
que  des  spadassins...  **' 


WORSET. 


Que  voulez- vous...  il  est  des  préjugés  trop  enracinés. 

4 


26 

A.1R  :  De  la  petite  s«iir. 

Ob  su  bat  avec  un  Français 
Quand  à  sa  femme  on  a  su  plaire  ; 
Aux  tribunaux  en  Angleterre, 
Lorsqu'un  mari  prouve  les  faits  , 
Son  rival  doit  le  satisfaii  e 

En  numéraire. 
Ainsi  de  ce  faux  point  d'honneur 
Ou  ne  peut  fuir  la  tyrannie, 
Partt)Ut  l'amour  a  du  malheur , 
Et  l'hymen  toujours  au  voleur 
Demande  la  bourse  ou  la  vie. 

COGE. 

Ah!  ca  devrait  bien  retenir  la  Jeunesse!  {à  Robert.) 
Mais  comment  se  fait-il  donc?... 

WOBSET ,   à  Arthur, 

Toi,  Ariliur,  je  ne  suis  pasd'avisque  tu  te  trouves  là.... 
(à  Robert.  )  Je  serai  votre  témoin  ,  moi ,  jeune  homme  ,  si 
vous  le  permettez... 

ARTHUR. 

Vous,  mon  oncle!...  Je  ne  souffrirai  jamais... 

WORSET. 

J'ai  peur  que  vous  ne  soyez  imprudent... 

ARTHUR. 

Soyez  tranquille!...  on  a  perfectionné  tout  cela  ..  quel- 
ques mots  d'explication  ,  l'éloquence  des  témoins  arrange 
l'atTaire  ,  et  le  lendemain  on  dit  partout  :  Je  me  suis  battu. 
[àRobert.)  Partons,  Williams! 

COGÉ ,  retenant  Robert. 

Mon  ami ,  je  ne  vous  quitte  pas... 

WORSET. 

Y  pensez-vous?... 

COGE. 

Allez  donc,  puisqu'on  ne  peut  pas  s'opposer...  surtout 
point  d'imprudence,  il  faut  savoir  reculer  à  propos... 

ROBERT. 

Oh!  je  ne  crains  rien... 

COGÉ. 

Embrassez -moi,  mon  auii!  [Robert  l'embrasse  et  sort 
avec  Arthur.  )  , 

{Co^é  à  part.  )  Pour  la  ilernièic  fois  ,  peut  -  être  l... 
Dieux!  et  ma  j^ension  viagère!... 


27 

SCENE  XV. 

COGÊ,  LOIID  WORSET.    " 

WORSET. 

Calmez-voas  donc,  M.  Cogé  !... 

COGÉ. 

Ah  !  je  suis  bouleversé!... 

WORSET. 

Après  tout ,  ce  n'est  pas  votre  élève ,  et  votre  respon- 
sabilité est  à  couvert... 

COGÉ. 

A  couvert?  sans  doute...  [à pari.)  S'il  savait!... 

WOKSET. 

Vous  semblez  porter  de  l'intérêt  à  M.  Williams  ?  Je 
crois  que  vous  l'avez  mal  jugé... 

COGÉ. 

Comment,  milord?... 

wonsET. 

Son  éducation  m'a  paru  très  négligée,  et  ses  manières 
sont  très  communes.  Parlez-moi  d'ArlLur. ..  à  la  bonne 
heure!  son  esprit,  son  instriKtion  ,  ses  manières...  tout 
fait  honneur  à  son  professeur. 

COGK. 

Vous  êtes  trop  bon...  je  ne  mérite  pas... 

^  AVOUSET. 

Apprenez  donc  le  véritable  motif  de  mon  voyage  à  Paris. 
Depuis  long-temps  je  destine  à  ce  neveu  la  main  de  miss 
Fanny,  sa  cousine;  je  l'ai  amenée  avec  moi  et  je  vais  les 
unir... 

COGÉ ,  étonné. 

Comment,  milord?...  (^ à  part.)  Ah!  quelle  nouvelle 
tribulalion... 

WORSET. 

Je  suis  satisfait  de  sa  raison  et  de  sa  bonne  conduite.... 
Qui  sait  d'ailleurs...  je  dois  faire  un  voyage  en  Amérique, 
et  je  veux  assurer  le  sort  de  ma  fille. 

Air  :  Mou  cœur  a  l'espoir,  etc. 

Sur  moi  tout  son  bonheur  se  fonde, 
Je  la  marie  avant  que  de  partir. 
Qui  s'embarque  pour  l'autre  monde 
ÎV'est  pas  certain  d'en  revenir. 


â8 

Oui  chez  elle  je  vais  la  preiidic 
Pour  vous  la  ramener  ici  ; 
On  s'ennuie  aisément  d'attendre 
Lorsque  Ton  attend  un  mari. 

Sur  moi ,  etc. 
,  (  //  rentre.  ) 

SCENE  XVI. 

COGÉ,   seul. 

O!  déplorable  situation...  quel  enchaînement  de  men- 
songes!... un  jeune  homme  que  j'ai  présenté  comme  un 
puits  de  science  ,  et  qui  ne  sait  pas  distinguer  un  verbe 
d'un  nom!...  et  cette  supposition  criminelle!...  et  mon 
élève  ,  qui  n'est  plus  mon  élève...  Williams!...  ce  duel... 
car  c'est  ma  pension  qui  se  bat!...  Arthur. ...ce  mariage!... 
tout  est  mêlé...  tout  est  confondu...  je  ne  m'y  reconnais 
plus  moi-même  ;  mais  c'est  un  parti  pris  ;  j'ai  renié  mon 
disciple  ,  pour  l'honneur  de  l'Université...  mais  pour  l'hon- 
neur de  l'Université  je  ne  dois  pas  placer  un  intrus  dans 
une  noble  ramille...  Il  est  temps  de  parler...  tout  m'en  fait 
une  loi...  la  délicatesse...  la  loyauté...  et  l'article  3/(5  du 
Code  pénal. 

SCENE  XVII. 

COGÉ,  ARTHUR,  ROBERT. 

COGÉ. 

Ah!  Dieu  soit  loué!...  je  les  revois...  ô  bonheur!  mon 
élève  m'est  rendu  !... 

ARTHUR. 

Il  n'y  a  personne  de  mort... 

COGÉ ,  à  Robert. 
Vous  n'êtes  pas  blessé  ? 

ROlîKRT. 

Dam!  vous  voyez... 

CUGÊ. 

Que  ceci  vous  serve  de  leron  ,  jeune  étourdi  !  mais  n'en 


29 
parlons  plus...  Il  s'agit  biei)   d'autre  chose...  les  aiFairos 
se  sont  terriblement  embrouillées...  Sachez  que  milord... 

ARTHUR. 

Eh  bien?... 

COGÉ. 

Il  n'est  pas  venu  seul  ;  miss  Fanny,  sa  fille, est  avec  lui; 
et  avant  de  partir...  [à  Robert.  )  il  vous  marie! 

ROBERT. 

Ca  me  fera  beaucoup  d'honneur  ! 

ARTHUR. 

Quoi  1  Fanny  est  à  Paris  ?  quel  bonheur  {... 

COGÉ. 

Et  que  vous  importe,  à  VOUS?.., 

ARTHUR. 

Ah!...  c'est  que  je  la  connais  aussi...  et  aue  je  l'aime  à 
la  folie. 

COGÉ ,  à  Robert. 

Dites  donc,  milord,  il  l'aime  à  la  folie...  Et  vous  souf- 
frez cela? 

ROBERT. 

Je  m'en  moque  pas  mal  ! 

roGÉ. 
Vous  êtes  fort  original  ! 

ROBERT. 

Je  suis  comme  ça,  moi...  Je  ne  tiens  pas  à  mon  bien... 
Ce  que  j'ai  appartient  à  mes  amis... 

COGÉ. 

Dieux  l  que  c'est  philosophique. 

ARTHUR ,  riant. 
Ah!  si  vous  saviez  tout!...  Mais  delà  prudence!... 

COGE. 

M.  Williams,  il  faut  que  nous  nous  concertions  en- 
semble pour  sortir  du  labyrinthe  où  nous  nous  sommes 
engagés;  venez  dans  ma  chambre,  je  vous  prie,  pour  que 
je  vous  communique  mes  idées  à  ce  sujet...  Venez,  [il 
rentre,  ) 

AUTHUR. 

Volontiers,  i\l.  Cogé.  {à  part  a  Robert.)  Tu  me  prévien- 
dras quand  Fanny  paraîtra. 

ROBERT. 

Je  l'allendrai  ici.  {Arthur  entre  avec  Cogé.) 


3o 

SCENE  XVIII. 

ROBERT,   seul. 

Me  voilà  donc  bientôt  rendu  à  la  société,  c'est-à-dire  à 
l'antichambre:  vive  l'amour  et  la  livrée!  je  ne  sors  plus 
de  là. 

Air  :  De  Caroline. 

Vive  l'ignorance! 
De  lumière  on  se  passe  très  bien, 
Et  la  science 
Ne  rapporte  rien 

Grammaire  en  avant , 
Fioid  rudiment , 
Vite  morbleu 
Allez  au  feu  ; 
Je  ue  peux  craindre 
En  vous  jetaiit  que  de  l'éteindre. 
Lallemant,  Boudot, 
Lhomond ,  Ileslaut, 
Prouvons  gaîment 
Eu  vous  Ijrûlant 
Que  la  fumée 
Est  le  prix  de  la  renommée. 

Vive  l'ignorance ,  etc. 

Que  d'auteurs  nouveaux 
Par  leurs  rivaux 
Dans  nos  journaux 
Sont  attaqués, 
Ou  criliq^îs 
Par  ans  lecteurs  tiop  diflicilcs! 
Les  savans 
Vivans 
Sont  mal  jugés, 
Les  morts  souvent  sont  outragés  : 
Plus  heureux 
Qu'eux, 
On  ne  dit  rien  des  iuibéciles. 

Vivo  l'ignorance,  cfr. 
(  Tl  jette  successivement  tous  les  livres  au  yen.) 


3i 
SCENE  XIX. 

ROBERT  ELISA. 


KOBKKT. 

Tout  est  au  feu  ,  ma  chère  Elisa!...  Je  n'en  ai  sauvé 
qu'une  plume...  pour  signer  mon  contrat  de  mariage!... 

ELrSA. 

Eh  bien  !  votre  oncle  consent~ilP. ..  j'ai  toujours  eu  peur 
des  oncles. 

ROBERT. 

Le  nôtre  est  bon  enfant...  mais  pourtant  je  ne  dois  rien 
brusquer,  parce  qu'il  pourrait  bien  se  fâcher. 

ELISA. 

Se  fâcher?  et  pourquoi?..  Je  ne  sais  pas  ,  mais  j'ai  dans 
l'idée  que  vous  cherchez  des  détours.. 

ROBERT. 

Quel  soupçon!  Elisa,  je  vous  ai  promis  de  vous  épouser, 
et  vous  serez  épousée. 

ELISÀ. 

Légitimement? 

ROBERT 

Toujours;  mais  il  y  a  empêchement  pour  ce  momenl-ci.. . 

ELISA. 

Alors  je  veux  savoir... 

UOBERT. 

Au  contraire,  c'est  que  vous  ne  devez  rien  savoir... 
(^àpart.)  J'aperçois  milord,  allons  prévenir  mon  maître... 
{Il fait  quelques  pas.) 

ELiSA ,  le  retenant. 

Eh  bien,  vous  vous  en  allez...  vous  me  laissez  là  dans 
le  bon  moment?... 

ROBERT. 

Objet  de  ma  passion,  calmez-vous. 

Atr  :  Dsiguez  m'épargner. 

Mon  amour  n'est  point  refroidi  ; 
Mais  il  faut  qu'on  me  débarrasse 
D'une  charmante  niilady 
Qui  voudrait  prendre  votre  plsee. 

EL ISA. 

Ciel!  que  flites  vous?  .. 


Ù2 

\ 

ROliliKf . 

C'est  très  rrai  ; 
,  Elle  est  belle,  riche  et  modeste, 

Pourtant  je  la  refuserai , 
Ce  soir  je  vous  épouserai... 
Et  plus  tard  vous  saurez  le  reste. 

(//  se  sauve,) 

ELiSA ,  seule. 
Une  milady  !  je  suis  sûre  que  c'est  cette  jeune  dame  qui 
est  venue  ici  ce  malin!...  {pleurant.)  Ah!  mon  Dieu!  c'est 
donc  vrai  que  les  Anglais   ne  valent  pas  mieux  que  les 
autres!... 

SCENE  XX. 

ELISA,  LORD  WORSET,  FANNY. 

WORSET. 

Et  que  vous  ont-ils  fait?... 

ELISA ,  pleurant. 
Milord,  on  m'a  défendu  de  vous  parler,  mais  puisqu'on 
me  trahit,  je  vais  tout  dire,  moi. 

FANNY. 

Elle  m'intéresse. 

WORSET. 

Parlez, 

ELISA. 

On  me  nomme  Elisa,  je  suis  la  nièce  de  l'hôtesse, 
comme  vous  savez,  et  de  plus  j'ai  toujours  été  sage  et  mo- 
deste... 

WORSET. 

J'en  suis  persuadé. 

ELISA. 

Monsieur  votre  neveu  ,  depuis  six  mois  qu'il  loge  ici ,  a 
cherché  à  me  plaire  et  il  y  a  réussi... 

WORSET. 

Mon  neveu  ?... 

FANNl". 

Arthur?... 

ELISA  ,  pleurant. 
Ouil  Arthur,  l'Anglais  du  n"  9. 


WORSET. 

Comment  se  fait-il?... 

ELISA. 

Le  voici  : 

A.IR  de  Léocadic. 

Il  est  galant,  il  est  aimable. 
Il  vient  me  chanter  chaque  jour  : 
Ah!  que  l'amour  est  agréable  , 
Ou  la  romance  c'est  V amour. 
Un  esprit  si  brillant ,  si  tendre, 
Sur  un  cœur  simple  a  de  l'effet  ; 
liC  mien,  hélas!  s'est  laissé  prendre, 
Et  voilà  comme  ça  s'est  fait. 
FANNY. 

Est-jl  possible  ? 

ELISA. 

J'ai  une  promesse  de  mariage... 

WORSET,  furieux. 
Est-il  bien  vrai  ?...  mais  c'est  abominable!....  M.  Cogé 
ne  risque  rien  !...  • 

FANNY. 

Je  l'avais  prévu  ,  mon  père... 

WORSET. 

Quelle  indignité!...   qu'il  ne  se  présente  jamais  devant 
moil... 

SCENE  XXI. 

LES  PRÉCÉDENS  ,    ARTHUR. 

ARTHUR,  accourant. 
Ah!  ma  chère  cousine... 

WORSET. 

Monsieur  !  votre  conduite  est  affreuse  !... 

ARTHUR. 

Comment?  qu'avez-vous  donc?... 

WORSET. 

Vous  osez  le  demander  ? 

FANNY. 

En  présence  de  mademoiselle? 

ELISA. 

Je  n'y  suis  pas  du  tout ,  moi  ! 

5 


WORSET. 

Vous  devriez  rougir!.-,  vous  ne  voyez  pas  celle  jeune 
fille? 

ARTHUR. 

Eli  bien  1  c'est  mademoiselle  Elisa... 

FANNY. 

Pour  qui  vous  m'avez  trahie  I... 

ELISA. 

Mais  ce  n'est  pas  lui...  il  n'est  pas  votre  neveu. 

WORSET. 

Com  men  t  !  comme»  t  !  ^ 

ARTHUR. 

Mon  oncle... 


SCENE  XXIÏ. 

LES    PRÉCÉDENS,    COGE. 


coGE ,  criant. 
MilordlMilordî... 

W^ORSET. 

Ah  !  vous  voilà  ,  M.  le  gouverneur  ?  vous  expliquerez- 
vous  enfin? 

COGE. 

Tout  ce  que  vous  voudrez,  milord.  [à  Jf^orset ,  mon- 
trant Arthur.)  Monsieur  est  un  jeune  homme  plein  d'es- 
prit et  d'instruction...  mais  il  n'est  point  mon  élève...  il 
n'est  point  votre  neveu  ! 

WORSET    ET    KANNY. 

Ahl  c'est  trop  fort!... 

ELISA. 

Non!  ce  n'est  pas  votre  neveu.... 

COOÉ. 

El  je  vais  vous  le  cliercher.  {Il  court  chercher  Robert 
dans  le  cabinet  et  le  ramène  sans  le  regarder.  ) 


55 
SCENE  XXIII. 

LES  PRÉcÉDENS ,  ROBERT  ,  en  livrée. 

coGÉ ,  le  tenant  par  la  main. 
Voire  véritable  neveu,  le  voilà!... 
TOUS ,  étonnés. 
Ah! 

ELISA. 

Tiens!...  il  s'est  déguisé!... 

COGE. 

Ah  !  Monsieur  ,  quel  costnme  !... 

ROBERT. 

C'est  le  mien...  Je  rentre  clans  mes  fonctions. 

ARTHUR. 

Et  il  reprend  sa  livrée. 

WORSET. 

Sa  livrée?...  M.  Williams?... 

ARTHUR. 

Oui!  mon  cher  oncle  ,  j'aime  l'étude  ,  mais  j'aime  aussi 
ma  liberté  ;  je  redoutais  un  gouverneur  ,  mon  domestique 
ne  craignait  pas  un  maître  de  plus...  et  il  est  devenu  l'é- 
lève du  respectable  M.  Cogé.., 

COGÉ. 

O!  Dieux  vengeurs!  dans  quelle  embûche  je  suis 
lombé!...  c'est  une  conspiration  infernale!...  mais  une 
punition  exemplaire... 

KANNY. 

Oh  !  mon  père  !... 

WORSET  ,  à  Arthur. 

La  supercherie  est  un  peu  forte  ;  mais  je  suis  content  do 
ton  instruction  ,  et  comme  je  n'ai  que  deux  jours  à  passer 
ici ,  je  n'ai  pas  le  temps  de  me  fâcher. 

COGÉ. 

lil  j'étais  le  précepteur  d'un  laquais  ! 

ROBERT. 

Purement  et  simplement. 

COGÉ. 

Ah!  je  suis  couvert  de  confusion  :  a  capite  ad  calcein! 

ELI SA. 

Et  moi,  faut-il  que  j'aie  du  malheur...  {'a  Robert.)  Te- 


36 

nez,   voilà   voire   promesse  de  mariage...  je  n'épouserai 
jamais  un  domestique... 

ROBEKl. 

J'en  suis  désespéré...  mais  je  ne  peux  pas  vous  offrir 
mieux. 

ELISA. 

Heureusement  qu'il  y  a  d'autres  Anglais  dans  l'hôtel! 

ARTHUR. 

Robert,  tu  auras  l.i  gratification  promise, 

ROBERT. 

Elle  m'est  bien  due,  Monsieur...  Un  sot  qui  ne  veut  pas 
sortir  de  son  état  est  une  chose  si  rare  que  ça  mérite  une 
récompense.  Ainsi  chacun  reprend  sa  place. 

VAUDEVILLE. 

ELISA. 
Air  :  Et  voilà  comme  tout  s'urrange. 

La  fille  d'un  ancien  portier, 
A  vingt  ans  brillante  et  volage , 
Occupait  tout  notre  premier; 
A  trente  ell'  monta  dun  étage  ; 
Le  troisièm'  succède  au  second; 
Mais  arrive  une  autre  disgrâce, 
A  cinquante  ans  de  la  maison  , 
Sa  main  ressaisit  le  coidon... 
Voilà  comme  on  reprend  sa  place. 

ROBERT. 

Je  servais  un  jeune  élégant 

Qui,  tous  les  jours  prenant  sa  course, 

Dans  un  cabriolet  brillant 

Allait  spéculer  à  la  bourse  ; 

L'un  et  l'autre  on  les  admirait: 

Mais  aujourd'hui  quelle  disgrâce  , 

Le  maître  n'est  plus  qu'un  valet, 

Et  le  brillant  cabriolet 

Est  un  cabriolet  de  place. 

COGK. 

Je  ne  critique  point  les  vers 
Enfantés  j)ar  le  romantique  ; 
Mais  sous  la  bannière  où  je  sers 
J'ai  vécu,  je  mourrai  classique. 


37 

Pour  créer  uu  geuie  nouveau 
On  réforme  le  vieux  Parnasse, 
Ab  !  malgré  ce  projet  si  beau , 
Horace,  Virgile  et  Bcileau  !... 
On  ne  prendra  pas  votre  place. 

WORSET. 

Un  alderman  de  la  cité 

Fut  long-temps  d'une  bumeur  hautaine 

Il  nous  parlait  avec  fierté  ; 

On  ne  Tabordait  qu'avec  peine  : 

Tout  à  coup  il  devient  meilleur  , 

S'adoucit,  sourit  avec  grâce, 

Parle  de  justice  et  d'bonneur... 

Qui  donc  a  pu  cbauger  son  cœur? 

C'est  qu'il  vient  de  perdre  sa  place. 

ARTHUR. 

Au  milieu  des  adorateurs, 
Voyez  cette  beauté  légère  : 
Chacun  convoite  ses  laveurs  , 
Et  tous  se  vantent  de  lui  plaire. 
Pour  ceux  qu'enflamment  ses  appas 
Un  doux  regard  est  une  grâce  ; 
Mais  les  mieux  vus  perdent  leurs  pas  : 
Celui  qu'on  ne  regarde  pas 
A  toujours  la  meilleure  place. 

FANNY ,  au  public. 

Sur  la  pièce  qu'on  offre  ici 
L'auteur  ne  s'en  fait  pas  accroire  , 
Mais  il  voudrait  qu'elle  eût  aussi 
Sa  place...  dans  le  répertoiie; 
J'approuve  ses  désirs  secrets  , 
Et  loin  de  blâmer  son  audace  , 
Moi,  pour  assurer  son  succès, 
Et  pour  applaudir  ses  couplets  , 
Je  voudrais  être  à  votre  place. 
Ah!  que  ne  suis-je  à  votre  place  ! 


FIN. 


38 


On  trouve  chez  le  même  libraire  toutes  les  pièces  de  théâtre 
tant  anciennes  que  nouvelles  ,  et  entre  autres  ,  celles  ci- 
dessous  dont  il  est  éditeur  : 

Le  Roman  par  lettres,  vaud.  en  i  acte,   par  MM.  Decourcy, 

Gustave  et  Rougeraont. 
Le  petit  Bossu,  vaud.  eu  i  acte,  par  MM.  Brazier  etDumersan. 
Les  Entrepreneurs,  vaud.  en   i  acte,  par   MM.  'Brazier,  Du- 

mersan  et  Gabriel. 
Le  Marchand  de  Parapluies,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Désau- 

giers,  Lafontaine  et  Emile  Vanderburck. 
Alice,  ou  les  six  Promesses,  par  MM.  Dupeuty,  De  Villeneuve  et 

Saint-Hilaire. 
L'Auteur  et  l'Avocat ,  com.  en  3  actes  et  en  vers  ,  par  M.  P.  Du- 

port. 
Le  Mari  et  TAmant,  coni.  en  i  acte  en  prose  ,  par  M.  Vial. 
La  Jeune  Femme  colère,  coin,  en  i  acte,  par  M.  Etienne. 
Bruis  et  Palaprat ,  com.  en  i  acte  en  vers ,  par  le  même. 
Le  Ci-devant  Jeune  Homme ,  com.  en  i  acte ,  par  MM.  Merle 

et  Brazier. 
Louis  IX ,  tragédie  en  5  actes,  par  M.  Ancelot. 
Le  Solitaire,  op.  com.  en  3  actes,  par  M.  Planard. 
Valentine  de  Milan  ,  op.  com.  en  5  actes  ,  par  M.  Bouilly. 
Gulistan,  op.  com.  en 3 actes,  par  MM.  Etienneet  Lachabeaus- 

sière. 
La  Somnambule,  vaud.  en  i  actes,  par  MM.  Scribe  et  G.  Dela- 

vigne. 
Les  deux  Pères  ,  vaud.  en  2  actes ,  par  E.  Dupaty. 
Matin  et  Soir,  vaud  en  deux  actes,  par  MM.  Théaulon,  Dartois, 

Chazet  et  Lamarlière. 
Le  Mariage  à  la  Hussarde ,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Théaulon, 

Dartois  et  Lafontaine.  , 

Partie  et  Revanche  ,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Scribe,  Francis  cl 

Brazier. 
Les  deux  Précepteurs,  vaud.  en    i    acte,   par  MM.   Scribe  et 

Mo  r  eau. 
La  Carte  à  Payer,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Merle,  Brazier  et 

Carmouchc. 


Les  Chevillesde  Maître-Adam,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Francis 

et  Moreau. 
Les  Anglaises  pour  Rire,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Sewrin  et 

Dumersan. 
Les    Moissonneurs   de   la   Beauce  ,  vaud.   en    un   acte  ,   par 

MM.  Francis,  Brazier  et  Dumersan. 
L'Ours  et  le  Pacha,  vaud.  en  i  acte,  nouvelle  édit.  avec  de 

nombreux  changemens,  par  MM.  Scribe  et  Xavier. 
Le  Précepteur  dans  l'Embarras  ,  vaud.  en   i   acte,  par  M.  Mé- 

lesville. 
La  Dame  des  belles  Cousines,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Dar- 

tois  et  Brisset. 
La  Chercheuse  d'Esprit,  vaud.  en  i  acte,  par  MM.  Dumersan 

et  Lafontaine. 
La  Pêche  de  Yulcain  ,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  Rochefort , 

Lassagne  et  Brisset. 
La  Dame  Voilée,  com.  en  trois  actes,  parMM.  Constant,  Théo- 
dore N***  et  Armand. 
Aline,    reine   de   Golconde ,   op.    com.,    en   trois  actes,   par 

MM.  Vial  et  Favières. 
Félicie,  ou  la  jeune  Fille  romanesque,  op.  com.  en  trois  actes, 

par  M.  E.  Dupaty. 
Un  jour  à  Paris,  ou  la  Leçon  singulière ,  op.  com.  en  trois  act. , 

par  M.  Etienne. 
Nadir  et  Sélim,  ou  les  deux  Artistes,  op.  com.  en  trois  actes  , 

par  MM.  Justin  Gensoul  et  Naudet. 
L'Auberge  de  Bagnières  ,  op.  comique  en  trois  actes  ,  par  Jala- 

bert. 
Les  Sœurs  jumelles  ,  op.  com.  en  un  acte  ,  par  M.  Plauard, 
Le  Séjour  militaire  ,  op.  com.  en  un  acte  ,  par  M.  Bouilly. 
Picaros  et  Diego,  op.  com.  en  un  acte  ,  par  M.  E.  Dupaty. 
Gaspard  l'Avisé,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  Barré,  Radet  et 

Desfontaines. 
Julien,  ou  Yingl-cinq  ans  d'entr  acte  ,  vaud.  en  deux  actes ,  par 

MM.  A-  Dartois  et  Xavier. 
Lia,  ou  une  Nuit  d'absence,  vaud.  en  deux  actes, par  MM.  Et. 

Arago  et  Desvergés. 
L'Iledes  Noirs,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  A.  Dartois  et  Xavier. 


4o 

Le  Jour   des  Noces,  vaud.   en  un  acte,  par  MM.  Duveil  et 

Nicole. 
La  Yisite  en  prison  ,  vaud.  en  deux  actes,  par  MM.  Duvert  et 

Nicole. 
Sophie,  ou  la  Malade  qui  se  porte  bien ,  vaud.  en  trois  actes  , 

par  M.  E.  Dupaty. 
Trilby,  ou  la  Batelière  d'Argail ,  vaud.  en  un  acte  ,  par  MM.  De- 

courcy  ,  Dumersan  et  Rousseau. 
La  suite  du  Folliculaire  ,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  F.  Langlé, 

Dartois,  Théaulon  et  Ramond  de  la  Croisette. 
La  pauvre  Fille,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  Dieulafoy  et  Ach. 

Dartois. 
Le  Duel  par  procuration,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  Decourcy 

et  Rousseau. 
Guillaume  ,   Gautier  et  Garguille  ,    vaud.  en    un   acte,  par 

MM.  Francis,  Dartois  et  Gabriel. 
Le  Gascon  à  trois  visages ,  vaud.  en  un  acte,  par  MM.  Gabriel 

et  Honoré. 
Monsieur  Vautour,  vaud.   en  un  acte,  par  MM.  Désaugiers, 

Tournay  et  G.  Duval. 
L'Ennui,  vaud.  en  un  acte  ,  par  MM.  Scribe  etDupin. 
Le  Déjeûner  d'Employés,  vaud,  en  un  acte,  par  MM.  Gabriel 

et  ***. 
Le  prologue  impromptu,  ou  les  aucteurs  en  retard,  à-propos 

en  un  acte  et  en  vaud. ,  par  MM.  Désaugiers,  Lassagne  et 

Rousseau. 
Le  Vieillard  de  Viroflay  ,  vaud,  en  un  acte  ,  par  MM.  Decourcy 

et  Sewrin. 
Le  Cachemire  ,  comédie  en  un  acte  et  en  vers  ,  par  M.  Edouard 

d'Anglemont. 


ÉtaÉ 


.STANCES 

SUll 

LE  SACRE 

S.  M.  CHARLES  X 

9, 000    CiA9.    Oeftcu-oti'. 


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PARIS, 


De  G.  BRlJNET,  Libraire-Editeur,  successeur 
de  I\I"»*  HuET , 

llue  d*  Valois»  Palais-Royal,  en  face  l'Athénée,  près  la  rue  S.-Honoré. 
1825. 


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